• Au nom du "développement durable"

    Ca y est, enfin «le Monde » parle de ce projet que la Banque Mondiale a accepté de financer!
    Au Laos sera donc construit un des barrages les plus controversés de l'histoire. Le site se trouve sur l'un des affluents du Mekong : la rivière Nam Theun. Le plateau Nakai a été choisi pour édifier la construction malgré l'opposition de plus de 100 ONG, de scientifiques et surtout de la population locale. Le projet est doublement un danger pour l'environnement car le plateau contient une faune et une flore encore sauvages dont de nombreux troupeaux d'éléphants. Il aura un fort impact sur une autre rivière : le Xe Ban Fai qui contient une des plus riches réserves de poissons. Le réservoir, qui dépassera les 400 km2, inondera plus de 40% du plateau et les ingénieurs ont prévu de construire une déviation entre la rivière Nam Theun et la rivière Xe Ban Fai. Le réservoir se videra donc dans cette rivière, changeant les flux et augmentant ainsi sa taille.

    Depuis les erreurs commises lors de la construction de barrages comme celui de Pak Mun en Thaïlande ou encore le Yalli Fall au Vietnam qui ont eu d'énormes impacts sur l'environnement et les populations locales, les projets de barrages sont pris très au sérieux. Le projet Nam Theun 2 a fait appel à des scientifiques chargés d'étudier la faisabilité du projet. Alors que plusieurs spécialistes ont mis en avant les dangers d'un tel projet sur l'environnement d'autres scientifiques ont minimisé les impacts. Selon eux, ils pourraient résoudre les problèmes en déplaçant quelques variétés pour attirer les éléphants en dehors du site.
    Cela me rappelle l'excellente théorie du one-two punch (double coup de poing) concernant l'utilisation de la technologie. Davis-Floyd le résume très bien :

    « Punch One: Take a natural process, like salmon swimming upstream to spawn. Build a dam; now the salmon can no longer reach their spawning grounds. Punch Two: Fix the problem you have created with technology with more technology--build a salmon spawning factory. We tend to think of Punch Two as an accidental by-product of Punch One, but, as anthropologist Peter C. Reynolds has shown, in the technocracy Punch Two is often the point: we so highly value technology, and so deeply fear nature, that we usually think we have made something better when we de- and re-construct it technologically. »

    Traduction en français: Coup de poing numéro 1: Prenez un processus naturel très simple comme les saumons qui remontent la rivière pour se reproduire. Construisez un barrage ; à présent les saumons ne peuvent plus atteindre leur lieu de reproduction. Coup de poing numéro 2: Réglez le problème que vous avez créé par la technologie avec encore plus de technologie : construisez une usine pour faciliter la reproduction de saumons. Nous avons tendance à voir le coup de poing numéro 2 comme un sous-produit du coup de poing numéro 1, mais, comme l'anthropologue Peter C. Reynolds l'a démontré, dans une technocratie, le coup de poing numéro 2 est souvent le but : nous sommes tellement fiers de la technologie et  nous avons si peur de la nature, que nous pensons habituellement avoir fait quelque chose de mieux en la dé- et re-construisant par la technologie.

    Quel bénéfice en tirerait le Laos? Du point de vue économique, la construction d'un barrage demande de nombreux ouvriers et compte-tenu du projet, la région deviendra active. Le second point positif, c'est que les initiateurs du barrage paieront des dividendes qui s'élèveront après 10 ans à plus de 120 millions de dollars par an. Le gouvernement du Laos qui a un des PIB les plus faibles du monde, encourage le projet. Le projet est aussi défendu par son principal actionnaire : EDF avec plus de 35% des parts.

    Cependant on peut s'interroger sérieusement sur les arguments mis en avant par la compagnie française concernant l'impact positif sur le développement du pays. EDF fameux défenseur du "développement durable" est en train sérieusement de faire de gros dérapages. Le Laos ne bénéficierait quasiment pas de l'électricité produite par le barrage car moins de 10% de l'électricité resterait sur place, le reste étant exporté en Thaïlande. Alors que la Thaïlande ayant détruit une grande part de ses rivières fait face à de fortes confrontations avec les populations locales, a mis un frein à la construction de barrage au niveau national... quoi de mieux que d'aller chez les voisins construire ce que l'on ne veut et ne peut plus faire chez soi.

    Pour ce qui est des dividendes, seulement 25 millions de dollars/an seraient reversés au Laos les premières années, ce qui paraît ridicule en comparaison de la destruction massive de l'environnement qu'un tel projet engendrerait. Et quel avenir pour les communautés qui sont installées sur le plateau depuis des centaines d'années? On ne peut que leur souhaiter bonne chance... Selon Watershed, plus de 100 000 personnes seront touchées directement et indirectement ce projet. C'est ça le développement durable.

    EDF nous doit plus que la lumière.;

    Pour plus d'infos:
    - Le site Web des amis de la terre qui regroupe une sélection d'articles sur le sujet.
    - TERRA, une ONG qui se bat depuis 10 ans contre le projet. Ils ont aussi consacre leur dernière revue sur Nam Theun 2. Vous pouvez la voir en format PDF ici.
    - Le site en anglais du projet Nam Theun 2, toujours intéressant à voir. ;


    16 commentaires
  • Un volontaire texan et moi. Venu chercher son ami disparu le 26 decembre. Il a finit par travailler quelques jours dans le temple. Comme j'etais charger de l'identification des etrangers par les photos des corps et de l'aide aux familles, on s'est lie d'amitie tres rapidement, malgre les divergences politiques que nos differentes nationalites pouvaient engendres.


    votre commentaire
  • Une bonne partie des corps apres le tsunami etaient tries (Asiatiques et Blancs separes) et reparties dans des fosses en attendant une eventuelle identification. Beaucoup de journalistes parlaient de fosse commune, mais contrairement au Rwanda ou au Kosovo, ces fosses etaient crees dans un soucis premier de se proteger d'eventuelle contamination. Le manque de moyens les quelques jours suivant le tsunami ne permettait pas d'autres alternatives. Laisser les corps sous le soleil a 35 degre representait un risque majeur d'epidemie.

    L'arrivee massive de containers apres le 15 janvier a permis de stocker tous les corps au frais.

    Photo trouvee sur internet.


    votre commentaire
  • Des volontaires dans la zone interdite du temple, se charge de transporter des corps.

    Photo trouvee sur le net.


    votre commentaire
  • Des soldats transportent des cerceuils vides dans un coin du temple. Ces cerceuils ont servi pour le transport des corps et ont servi une fois les corps identifies.

    Photo trouver sur le net.


    votre commentaire