• Apres le tsunami

    Il y a 3 mois déjà, je me décidais à partir pour le sud de la Thaïlande. Je n'avais pas la télévision et ne savais pas trop ce qui se passait là-bas. Ce sont les descriptions de mes collègues qui revenaient du sud qui m'ont encouragés á partir. Les possibilités du moment : aider les pêcheurs á évaluer les dégâts matériels, soutenir les familles dans les hôpitaux, s'occuper des enfants qui n'ont plus classe, reconstruire des maisons, etc. J'ai choisi peut être le plus facile ou le plus dur, a vous de juger : s'occuper des morts. Plus de deux semaines après le tsunami, la plupart des corps avaient été ramassés sur la plage. Les équipes de volontaires ne s'occupaient plus que de la classification, le stockage et l'identification des corps. Les conditions étaient dures : une chaleur monstrueuse, une odeur difficile et des tensions immenses entre les soldats, la police, les équipes thaïes, les docteurs étrangers et les familles. Le 11 janvier, j'ai quitté Bangkok pour Takua Pa une ville très touchée par le tsunami, a une centaine de kilometre de Phuket. J'ai travaillé pendant plus d'une semaine dans le temple de Yan Yao où plus de 2500 corps étaient stockés.


    1. L'arrivée dans le temple de Yan Yao


    Mon Journal (un peu réarrangé)
    Le 12 janvier 2005 : Il n'est pas encore 5 heures du matin lorsque le bus me dépose á Takua Pa. Le temple est à une centaine de mètres de la gare routière. Sans carte ni boussole, l'odeur pestilentielle me mène droit au but.
    Devant le temple, des chaises et des tentes alignées font face à une route silencieuse. Un panneau d'affichage est recouvert de feuille A4 où des noms et des visages de disparus forment un sinistre patchwork. De l'autre coté de la route, ce sont les photos des corps qui ont été retrouvés, les visages noirs et décomposés ; les yeux pochés et les lèvres formant des cercles immenses, comme certains personages de manga.
    La porte du temple est grande ouverte et personne n'est là pour la garder, enfin si, mais il dort a poing fermé derrière une pile de chaises. Á l'intérieur les néons dévoilent un décor de tentes, de bus, de bouteilles vides et d'indications en tous genre. Seules quelques ombres commencent à s'agiter, ce sont les quelques volontaires matinaux.

    2. Premiers travaux

    Des le premier jour je m'étais lié d'amitié avec l'équipe chargée de l'identification des corps par les photos. C'est-à-dire que mon premier matin dans le temple, je l'ai passé à regarder des photos de corps décomposés en se demandant : est-ce un homme, une femme, un enfant, un asiatique ou un Farang ? Oui, c'est comme ça que l'on classait les corps. Ils étaient tous rangés dans un petit dossier, puis classer par catégorie quand les détails sur les photos le permettaient.
    Le 12 janvier en début d'après-midi, la réception a demandé des volontaires « pour porter les corps » (« we need volunteers to carry the bodies »). J'ai hésité pendant quelques minutes avant de me rendre dans la zone interdite. Quelques tentes ou plusieurs personnes faisaient la queue. Tenue correcte exigée : Bottes noires, une combinaison en plastique, deux couches de gants et deux masques préalablement garnie de baume du tigre pour éviter de s'évanouir pendant le travail. Quelques volontaires inscrivaient au marqueur leur nom et faisaient un petit drapeau thaï ou un dessin. Malgré la tragédie, le camp et leurs volontaires avaient plutôt l'air de sortir de M.A.S.H. que de X-Files. Les filles souriaient, les soldats se mettaient de grosses claques dans le dos pendant que les docteurs hollandais faisaient des blagues sur leurs voisins flamands.
    Sous un arbre, docteurs et assistants tournaient autour des corps fraîchement déballés de leur sac plastique, pour prendre des échantillons ADN et des photos de la dentition (un autre moyen efficace d'identifier un corps). Un peu plus loin, des soldats faisaient un mur avec de la glace sèche (dry ice) qui en fondant ne laisse pas de liquide. Un camion se gara devant eux, d'autres soldats arrivèrent et le travail commença. Il fallait simplement descendre des corps et les aligner à même le sol. 1 personne suffisait pour le corps d'un enfant, 2 pour un corps léger, 3 à 5 pour un lourd. Les corps étaient imbibés d'eau ce qui explique leur poids. Je me souviens par la suite m'être quasiment effondré sous un corps avec deux autres volontaires, il a fallu 6 autres personnes pour soulever le sac et le poser sur la table du dentiste...

    3. Conflits

    Deux jours après mon arrivée dans le temple, je revenais à mon tout premier job, l'identification des corps par les photos. Cette fois-ci je prenais le poste laisser vacant par une sympathique australienne : je devais me charger de recevoir les familles étrangères et leur montrer les photos sur l'ordinateur. Les tests ADN prenaient du temps, c'est pourquoi quelques de familles se rendaient directement sur le site pour tenter d'identifier leur proche par les photos. Cependant, a cause des erreurs d'identification et surtout a cause de quelques cas d'escroquerie pour toucher les assurances, les autorités n'étaient guère coopérantes. Ils misaient tout sur les tests ADN et les photos de dentitions. Ils avaient toléré l'identification par les photos juste pour désengorger le temple.
    Comment ça marchait ? Simple, une famille se présentait au temple, rempli un formulaire avec nom de la victime et toutes ses caractéristiques physiques (couleurs de la peau, taille, poids, tatouages, piercings, bijoux, portable....)
    Une autre équipe de volontaires faisait alors une recherche de toutes ses informations dans leur base de donnée. Ils me donnaient ensuite toute une liste de corps correspondant à la description. Les familles venaient ensuite regarder les photos et dire oui ou non.
    Dans la plupart de cas les familles ne trouvaient pas le corps dans la liste, il fallait alors regarder tous les dossiers, en commençant par le dossier Farang Man ou Farang Woman.  Quand les familles ne trouvaient rien, elle continuaient désespérément á regarder les 2500 dossiers... Hard
    Quand finalement, certaines familles arrivaient à identifier un corps, les problèmes ne faisaient que commencer. La police et les médecins légistes étrangers (l'équipe DVI ou Disaster Victim Identification Team) avaient récupéré l'indentification des corps étrangers. Les corps avaient tous un numéro d'identification donné au début par les thaïs. Cependant l'équipe DVI avait jugé ce système d'identification non conventionnel et pas assez catégorique. En traduction, je me retrouvais après la recherche sur ordinateur avec un numéro thaï obsolète car les corps avaient un autre numéro DVI. Seul la police étrangère pouvaient me dire ou le corps se trouvaient. Par malchance je travaillais pour le centre d'identification thaï, ce qui ne me donnait aucun crédit (même quand la famille était à mes cotés). Plusieurs fois ils ne savaient même pas ou étaient le corps, et ne donnaient aucune explication...  Seulement un bon conseil : attendre les tests ADN. Aujourd'hui encore certaines familles les attendent...

    4. Le dernier jour

    Lorsque je décidais de renter pour Bangkok, le camp se vidait de plus en plus de ses volontaires. La police Thai reprenait peut a peu le travail du docteur Pornthip, (une médecin légiste qui mériterait que je lui fasse un blogg) et remplaçait les soldats. Jugeant négativement le travail de ces derniers, ils fermaient le temple peu a peu aux volontaires non-professionnels.
    J'admirais le travail de cette femme et de tous ces volontaires qui étaient les premiers sur le terrain avant que la police ne bouge un pouce. Malgré leur commentaire, le plus dur était fait et ce jour-là tous les corps avaient une place dans un container. Moi j'avais mon billet pour Bangkok.


  • Commentaires

    1
    L'observatoir
    Lundi 4 Avril 2005 à 08:07
    drole de style !
    Pour un pseudo journaliste ! Répétitions à gogo , faiblesse du style , j'espere que vous n'écrivez pas comme ça dans votre pseudo journal ! Et je passe sur la pauvreté du blog et celle de vos commentaires sur le site ...
    2
    Micky
    Lundi 4 Avril 2005 à 08:30
    3 mois ?
    vous ramassez des cadavres depuis 3mois?
    3
    Micky
    Lundi 4 Avril 2005 à 08:33
    gaby!
    y a un blem sur ton blog! il est pas 1h30!
    4
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 08:56
    Le style
    C'est bon faut pas s'enerver. Je prends les critiques du bon cote, mais faut pas trop pousser non plus. 1.Je ne suis pas journaliste mais volontaire 2.Il n'y a pas que la rue c'est vrai mais ce n'est que le debut de mon article 3.Si tu lis en anglais tu peux deja jeter un oeil sur ce que j'ai fait. 4. Je ne suis pas ecrivain, je vais essayer de surveiller mon style mais je ne promets pas de faire du Bouvier.
    5
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 08:58
    Pas de blem!
    Mon cher Mick, je vis en Thailande et le decalage horaire fait qu'il est maintenant 13h57
    6
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:00
    pas bon ça!
    les Mick se multiplient sur Bloggland...pas bon pour mon image de marque (clin d'oeil)
    7
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:01
    Depuis 3 mois
    En fait non, je vais faire quelques corrections. J'ai ecrit cet articles pour mes copains en france, J'ai travaille dans le sud au mois de janvier. Les volontaires comme moi ne touchent plus un corps depuis fin janvier, la police a pris le relai et s'occupe de l'identification des corps qui a tendance a trainer magistralement.
    8
    Micky
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:05
    mick
    moi pas mick , pas glop pas glop !!! moi Micky !
    9
    Mick
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:06
    glop?
    ouh la! J'ai des hallucinations!
    10
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:08
    Micks
    Je parie qu'il y a un des micks qui revient de Thailande ou qui y vit!
    11
    Mick the only one...
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:10
    pas moi en tout cas!
    enfin c'est toujours marrant de rencontrer quelqun qu'a le même pseudo à une lettre près! Rien de mieux pour embrouiller...n'est ce pas Mr G.?
    12
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:12
    Mick toujours
    C'est sur que le pseudo peut mener a de superbes quiprocos! Sympa de voir qu'un billet peut nous mener a de droles de commentaires!
    13
    Micky
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:30
    désolé G
    moi non plus ! J'aimerai bien , si tu veux m'envoyer des tunes pour le billet je veux bien te donner un coup de main ,:) lol
    14
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:45
    Les tunes!
    Desole Micky pour les tunes. Je suis short, c est pas avec 120 e par mois que je peux te payer un billet! Enfin t'es le bienvenu quand meme, tsunami ou pas...
    15
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:51
    Thailande
    Je suis heureux de constater que le nombre de francais qui s'investissent en Thailande croit sans cesse. Bonne journee "G".
    16
    G
    Lundi 4 Avril 2005 à 09:57
    Message au createur
    Merci de ton message. Je vois que tu es aussi un sino-siam-asian-ophile. Je jetterai un petit oeil sur ton blog cet apres midi! Sympa de communiquer avec d'autres expat'. C'est comme ca que j'ai rencontrer Tourane de Asia Report.
    17
    createur
    Lundi 4 Avril 2005 à 10:11
    Communaute
    Les Franco-siamo-asianophiles sont si peu nombreux, compare aux autres nationalites, qu'il est toujours agreable de savoir que l'on n'est pas seul ici. A bientot.
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